Être ace et aimer le sexe : gné ?

Toc, toc, toc !

Entre Homosexualité, entre ! Ça va ?

Ouais, j’ai eu un super orgasme ce matin, je suis au top de ma forme !

Moi aussi je suis au top, j’ai eu un super ptit déj ! Y avait un méga chocolat chaud…

Salut, Caro !

… et puis des marshmallows et de la chantilly comme j’aime… Et de ces tartines, chan-mé ! Pain grillé, beurre, Nutella et sucre…

Alors, toujours pas intéressée par un vibro ? J’ai un code promo à Passage du Désir !

Moi vivante, pas question de mettre un sou là-dedans, toute façon des orgasmes j’en ai quand je v…

AAAAAAAH ! AAAAAAAAAAAAH ! AAAAAH AAAAAAAAAH !

Mais quelle drama-queen, j’vous jure…

Des asexuels qui aiment le sexe ? C’est possible ?

Ben oui, c’est possible ! A toutes fins utiles, je rappelle que l’asexualité n’a RIEN à voir avec le plaisir ou les relations sexuelles, et tout avec L’ATTIRANCE. Pour utiliser la métaphore du gâteau qui est très parlante, être ace, c’est comme ne jamais avoir faim. Sauf que même si tu n’as pas faim, tu peux quand même manger une part de gâteau et le trouver délicieux !

Asexualité ? J’attends ton commentaire caustique, là !

Laisse tomber, elle est toujours, heu…

RHAAAAH LAVEZ-MOI LES OREILLES A L’EAU DE JAVEL !

Bref. Il y a plein de raisons qui font que tu manges un gâteau même si tu n’as pas faim : tu es curieux.se du goût que ça a, tu veux partager ce moment à table avec quelqu’un, tu dors mieux avec le ventre plein, tu as envie d’avoir un bon goût dans la bouche…

Oh, le méga sous-entendu déplacé, « bon goût dans la bouche » !

HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

Oups…

Du coup, si t’es asexuel mais que t’as du plaisir, que tu couches et que tu te masturbes, mais t’es normal en fait !

Je vais passer sur l’opposition « normal.e »/ »ace » sinon je sens que ça va m’agacer, et non : ça RESTE fondamentalement différent. Pas au niveau des actes : que tu manges un gâteau sans avoir faim ou en n’ayant pas mangé depuis trois jours, c’est pareil, tu manges un gâteau. Mais au niveau de la signification, le gâteau ne veut pas du tout dire la même chose pour quelqu’un d’affamé que pour quelqu’un qui n’a pas faim du tout. Avec le sexe, c’est exactement pareil.

Ca doit être trop le fun de coucher avec quelqu’un d’asexuel !

Alors. Déjà, on est des gens normaux (tiens, on y revient), et donc pas des trophées, merci. On mérite d’être respecté.e.s et le consentement est primordial, TOUJOURS.

Ensuite, comme le sexe ne peut pas signifier la même chose que pour les zsexuels, ça peut donner lieu à des malentendus et des quiproquos, comme on l’a dit dans notre article précédent, donc c’est encore plus important de bien communiquer.

Et c’est déjà HYPER important dans les relations entre zsexuel.le.s !

Mais, oui, du coup, des fois, ça peut créer des situations marrantes. Encore faut-il que l’ace veuille faire du sexe, que tout le monde soit consentant, éclairé et de bonne humeur.

J’ai le doute maintenant… Y en a beaucoup, des ace qui seraient d’accord pour faire du sexe avec moi ?

Avec toi, j’en sais rien. Des ace qui veulent faire du sexe en général, on les appelle les ace sex-positive. Parmi tous les ace que je connais, je dirais qu’à la louche, il y a 2/3 de sex-positive (ce qui ne signifie pas forcément qu’iels ont une activité sexuelle en ce moment ou l’envisagent comme les zsexuel.le.s), 1/3 de sex-negative/ne savent pas/ne veulent pas pour l’instant/ou vraiment exceptionnellement. Les « 100% sex-negative » sont quand même relativement rares, je n’en connais que deux ou trois. Mais bon, là encore, je ne parle que de mon expérience…

Asexualité peut sans doute t’indiquer des chiffres plus précis vu qu’elle connaît tout le m…

LALALALA ! J’ENTENDS RIEN !

Résumé : Certain.e.s aces ont une vie sexuelle parce qu’iels le veulent bien. On les appelle les sex-positive. Les sex-negative sont celleux qui ne veulent surtout pas avoir de relations sexuelles, peu importe lesquelles.

Et ben merci pour ton aide, Homosexualité !

De rien, ça m’a fait plaisir ! Salut !

Hé…

HAÏ HO ! HAÏ HO ! ON RENTRE DU BOULOT !

C’est fini, l’article, espèce d’andouille ! N’importe quoi, et puis on parle quand même d’une réalité pour beaucoup de tes hum…

Quoi ? C’est fini ? Cool, j’aurais pas cru que ça marcherait.

Hein ?

 

Asexualité et couple : le problème du coming-out

DIALOGUE

Haaaaan je me demande ce qui va se passer !

Ca sent mauvais quand même pour les lycéens mignons, si tu veux mon avis…

– On sort ensemble ?

 – D’accord !

Oh, ils sont trop choup…

AAAAH ! AAAAH CACHE-MOI LES YEUX !

Fais pas tant de drama, on voit rien, ils commencent juste à se pécho dans les toilettes du musée…

Justement !

Ils ont l’air hyper pressés de se déshabiller, je comprends pas. Ils commencent à sortir ensemble et la première chose qu’ils font, c’est coucher ensemble, mais pourquoi faire ?

On se le demande ! C’est fini ?

Non, mais les zsexuels sont bizarres, ils préfèrent pas, genre, discuter avant ?

Il n’y a que mes humains qui préfèrent papoter au lieu de faire du sexe. Ca me rappelle des souvenirs, tiens… Tu te souviens, quand tu avais enfin commencé à arrêter de nier mon existence ?

Et comment !

Je raconte !

J’étais affalée sur mon lit, après une bonne pyjama-party avec les copines comme on aime. Homosexualité était endormie, complètement dans les vapes, Bisexualité avait clairement trop bu, et on était toutes en culotte.

Bisexualité : Y a un truc.

Moi : Hein ?

Bisexualité : Y a un truc qui vient d’apparaître. C’est trop petit pour être Homoromantisme. Chcrois qu’c’est un humain. Ou alors. Une peluche, mais qui bouge.

C’était Caro, figurez-vous !

Et merci pour l’accueil légendaire !

C’est moi qui mérite les accueils légendaires et personne d’autre.

Caro : Hé ! Je suis asexuelle !

Moi : Je te l’avais bien dit depuis le début, il suffisait de m’écouter. Moi, c’est Asexualité, et tu vois, je suis quelqu’un de très brillant…

Caro : Mais je te veux pas !

Moi : Ah bah merci ! Merci bien ! Je suis archi vexée, mais t’as pas le choix de toute façon.

Caro : Je veux pas être asexuelle ! Je suis déjà surdouée, ça craint, ça suffit déjà à me pourrir la vie alors que c’est une différence valorisée par la société, je ne veux pas être EN PLUS asexuelle ! J’en bave suffisamment, merci !

Moi : Tu insinues que tu pourrais avoir des ennuis à cause de moi ? N’importe quoi ! Je suis la personne la plus délicate du monde !

Caro : Ah oui ? Et ma vie amoureuse ? C’était déjà pas assez compliqué comme ça ? Quand je vais retomber amoureuse, il va falloir que je dise au gars « Hé, chéri, tu vas rire, mais figure-toi que même si je t’aime, j’ai pas la moindre idée de si je vais avoir envie de faire l’amour avec toi un jour ? Parce que je te désire pas ! Que dalle ! Mais c’est pas contre toi, hein, c’est juste que je désire personne, haha, c’est fou non ? »

Je marquais un point, là, quand même.

Ben vas-y, puisque tu es si maligne, continue de te plaindre !

Pas la peine. Deux ans et demi et trois interactions du type romantique ont passé depuis, et je suis à même de donner quelques conseils !

Conseil n°1 : On le dit

Ben oui. Quand on est ace, peu importe qu’on soit favorable au sexe ou pas, on n’a pas la même vision que les zsexuel.le.s, et ça me semble quasi impossible de communiquer correctement autour de ça si on ne le précise pas. Et la communication, c’est la clef d’une relation réussie pour tout le monde.

J’ai des contre-exemples, comme celui d’une demi-sexuelle qui a découvert son orientation à trente ans, en couple depuis plus de dix ans, et qui n’a pas jugé nécessaire de le dire à son mari. Personnellement, ça me gênerait de ne pas dire quelque chose d’aussi important pour moi, mais l’asexualité a une importance différente pour chacun, et c’est à chacun de faire le choix du coming-out ou non. Relations romantiques ou pas, le coming-out est un choix entièrement personnel, qui doit être respecté et non-jugé.

Cela dit, dans le cas où vous commencez une relation en sachant que vous êtes ace (c’est le cas unique que nous allons garder pour la suite), je vous conseille de le dire. Vous en faites ce que vous voulez, évidemment, mais je pense sincèrement que c’est le mieux pour avoir une sexualité et une relation saines, d’autant plus si votre asexualité vous amène à ne pas faire « normalement » certaines choses. Ce serait quand même dommage d’avoir un partenaire qui ne comprend pas que ses attentes ne soient pas remplies, et pour vous, d’avoir toujours peur que votre manière de vivre la sexualité soit un problème – ou pire, d’avoir peur que votre consentement ne soit pas respecté.

Conseil n°2 : On le dit de préférence tôt

Je sais, vraiment, je sais bien qu’un coming-out ace c’est pas facile. Mais vraiment, dans le cadre d’une relation, ça peut être important.

Tous les zsexuel.le.s s’attendent à du sexe dans leurs relations, et à du sexe conventionnel dans la plupart des cas. Si on attend pour leur dire, on va, nous, stresser « Est-ce qu’iel va vouloir du sexe maintenant ? A partir de quand ? Je fais quoi s’iel me demande ? ». Eux vont avoir peur d’aller trop vite, d’avoir un problème (ou que vous en ayez un), vont être déroutés et se poser des questions – voir auront l’impression d’être menés en bateau. C’est pas bon.

Est-ce que je hais ça ? Oui. Je hais de devoir le dire vite, je hais l’impression que je dois le « prévenir » pour ne pas « avoir menti sur la marchandise », je hais ça de tout mon cœur. Mais, dans l’état actuel de mon expérience et de mon asexualité, je n’ai pas trouvé d’autre solution pour avoir une relation de type romantique sur des bases saines.

Conseil n°3 : Choisissez le bon moment et ayez la bonne attitude

Lors de mon premier coming-out à un amoureux, je stressais horriblement, parce que je ne savais pas encore si j’étais sex-positive (=vouloir faire du sexe en étant ace) ou pas. J’essayais de placer ça dans la conversation, je n’y arrivais pas (et c’était d’autant plus dur que je n’avais jamais fait de coming-out avant). Finalement, j’y ai été en mode « Ecoute, j’ai un truc à te dire… »

C’est pas une mauvaise idée en soi. Sauf que j’étais tellement stressée qu’il a cru jusqu’au bout que je voulais le larguer à cause de ça, il n’a pratiquement rien écouté de ce que j’ai dit sur l’asexualité, avant de demander « Mais alors on est toujours ensemble ? » et de pousser un gros ouf de soulagement.

Vous pouvez rigoler, moi ça me met la banane dès que j’y repense, c’était super marrant !

Avec le recul, oui, parce qu’on en a reparlé après et qu’on a réglé tout ça. Je dirais que si vous pouvez, essayez de l’amener dans la conversation comme n’importe quelle autre info à votre sujet. Si vous pouvez pas, prenez un moment calme pour lui expliquer spécifiquement, mais relax, personne n’est jamais mort d’être ace et c’est possible d’avoir une relation épanouie entre ace et zsexuel.le.

Heu… Et mes humains qui ne veulent pas faire de sexe du tout, on en parle ? Je les vois pas annoncer ça comme une info anodine alors que ça a de fortes chances de mettre fin à leur relation, quand même…

Oui, et là, désolée mais j’ai pas d’astuces en magasin… Vous l’aurez compris, je suis sex-positive, je n’ai jamais été confrontée personnellement à cette problématique-là. On ne va pas se mentir : pour la plupart des zsexuel.le.s, si ce n’est tous, le sexe est quelque chose d’indispensable dans une relation amoureuse, même si ce n’est pas forcément le plus important pour elleux (encore heureux d’ailleurs !). Donc il y a de fortes chances pour qu’une relation amoureuse ne soit tout simplement pas possible entre quelqu’un qui veut absolument du sexe et quelqu’un qui n’en veut absolument pas.

Niveau témoignages, les ace sex-negative que je connais ne sont pas en couple, certain.e.s n’ont pas pu l’être à cause de ça (mais, sauf erreur, iels sont totalement aromantiques, donc pas les plus gêné.e.s d’avoir un accès plus difficile à la relation de couple).

Si vous être ace sex-negative et romantique, ne perdez pas espoir. Je reste intimement persuadée que la communication peut venir à bout d’absolument toutes les difficultés du couple…

Espèce d’indécrottable romantique…

… et il existe tous les modèles. Ne croyez pas ce que les fictions clichées racontent. Il y a un infini entre les deux petites boîtes de l’amitié et de l’amour, et il ne tient qu’à nous d’avoir les relations bizarres qui nous conviennent.

Conseil n°4 : Explicitez

Lors de ce premier coming-out, je me suis contentée de donner la définition de l’asexualité, ne ressentir d’attirance sexuelle pour personne, d’ajouter que par conséquent, je ne savais pas si je voudrais faire l’amour un jour, et de demander à l’amoureux s’il avait des questions.

J’aime bien. Synthétique, efficace.

Sauf que non. L’asexualité, ce n’est pas comme, par exemple, l’homosexualité, où n’importe quel.le hétéro peut se dire « Oh, ce que je ressens pour le sexe opposé, cette personne ressent pareil mais pour le même sexe ! ».

En parlant en fait de genre, bien sûr.

Voilà la vérité : les zsexuels n’ont pas la moindre fucking idée de ce que ça veut dire, ne pas ressentir d’attirance sexuelle. Comme nous, nous n’avons pas la moindre fucking idée de ce que ça peut être de ressentir de l’attirance sexuelle au quotidien. Il va donc falloir essayer de l’expliquer, et surtout, expliquer ce que ça IMPLIQUE.

Genre : regarder les scènes de sexe à la télé d’un oeil un peu dégoûté ou vaguement curieux. Ne jamais avoir de picotis dans le ventre ou le sexe quand on regarde quelqu’un. Ne pas trouver le sexe important et préférer manger du gâteau ou du parmesan…

Il y en a plein qui varient en fonction de chacun. Après ce coming-out où j’ai enchaîné les bourdes, avec mon ex, on a passé des HEURES à parler de sexe, de comment on le voyait et de ce qu’on avait envie de faire ou pas. C’était toujours intéressant, généralement surprenant pour l’un comme pour l’autre et absolument nécessaire pour tout ce qu’on a entrepris de sexuel par la suite ET pour définir comment on voyait notre relation.

Vous pouvez aussi joindre des articles, comme ce blog !

Voilà, je crois qu’on a tout dit ! On fera d’autres articles sur la gestion de l’asexualité dans le couple (comme : que répondre à « j’ai envie de toi », ou bien la très épineuse question du consentement).

Et n’oubliez pas : vous êtes mes humains. Vous avez un peu de ma classe.

L’asexualité n’est pas un handicap. C’est une divergence qui se gère, comme on gère des divergences d’opinions politiques…

De goût, entre celui qui aime le fromage et pas l’autre et c’est toujours un qui fait la cuisine pour les deux…

De physique…

Genre si y en a un qui est plutôt petit et l’autre grand, bah le petit il peut monter sur une marche d’escalier pour s’embrasser à la bonne hauteur et le grand peut lui attraper la crêpière en haut du frigo…

Bref. Vous avez compris.

Ou de maison Harry Potter. T’imagine, un Gryffondor et un Serpentard ensemble ? Et bah ça peut quand même marcher, hein !

T’es sûre ? Nan parce que les Gryffondor, c’est quand même des sacrées têtes à claques…

PERSONNE N’INSULTE MA MAISON ! De tout façon, chiante comme t’es, toi t’es forcément une Serdaigle.

Et j’en suis fière !

Non. C’est trop la loose. Salut les gens, toute mon estime à celleux qui reconnaîtront la série dont on parle en début d’article, vénérez-moi bien et à la semaine prochaine !

 

Ace, asexualité, spectre asexuel : le point vocabulaire

« Mais les asexuels, c’est les gens qui sont dégoûtés par le sexe, genre qui veulent surtout pas coucher… Donc c’est pas toi… »

Qu’est-ce que j’entends ? Qui est L’ANDOUILLE qui a dit une ânerie pareille ?

La même fille que la dernière fois. Une de celles dont on parlait dans notre best-of des conneries sorties lors d’un coming-out asexuel.

Pourquoi t’as pas mis ça dans le best-of alors ?

De un, je l’avais oubliée, de deux, je l’ai gardée pour maintenant.

Ça sert à rien ! Ils sont intelligents, les humains qui lisent ton blog. Ils se rappellent qu’on a fait tout un article sur les nuances du spectre asexuel (je remets le lien au cas où pour que ceux qui ne suivent pas recliquent ici). Ils savent très bien qu’il y a plein de façons de faire partie de mes humains.

Mais justement. Il y a quelque chose qui peut prêter à confusion, et dont on n’a pas parlé dans notre article précédent…

« Prêter à confusion »… Gnagnagna les mots compliqués…

J’ai une devinette très facile pour toi. Comment on appelle quelqu’un qui ne ressent pas de désir sexuel pour qui que ce soit, jamais, et qui ne veut pas du tout faire de sexe ?

Un.e asexuel.le !

Et comment on appelle quelqu’un qui ne ressent pas de désir sexuel pour qui que ce soit, mais qui a une libido, se masturbe, et couche avec un.e partenaire ?

Un.e asexuel.le… Ah, oui.

Ben oui. Il est là, le problème. Le mot « asexuel.le » désigne à la fois le spectre entier de l’asexualité avec toutes ses nuances, et la nuance la plus basique de ce spectre, celle où il n’y a pas de désir pour autrui sans aucune circonstance d’exception par rapport au désir en général.

C’est grave ?

Y a plus grave dans la vie, mais c’est embêtant quand même, parce que ça empêche les gens comme l’auteure de notre phrase d’introduction de comprendre que l’asexualité est un spectre, et de l’autre côté, ça invisibilise les asexuel.le.s « pur et dur » de la nuance.

D’où quelques précautions oratoires utiles ! Sur un topic dédié à moi, iels utilisent le terme « ace » pour désigner l’ensemble de mon spectre, et « asexuel.le » pour la nuance.

Hé, c’était moi qui devait le dire !

Ça va, j’ai joué l’ignare pour te faire plaisir en « dynamisant le dialogue » avec mon « c’est grave ? », ça va bien deux minutes ! L’avantage du mot « ace », c’est qu’il est court à écrire, facile à utiliser, super classe puisqu’il veut dire « as » en anglais, et en plus comme il est anglais pas besoin de s’embêter à l’accorder.

On peut aussi préciser « spectre asexuel »…

Arrête de me voler la vedette ! On peut aussi préciser « spectre asexuel », là encore par opposition à « asexuel.le-tout-court ». Ça a l’avantage d’être plus clair, donc c’est mieux si vous parlez à des humains non-initiés qui n’ont pas l’immense chance de me connaître…

Ouais, ouais…

Mais c’est plus long à écrire que « ace ». C’est vous qui voyez.

Et pour parler des gens qui ne sont pas ace, on utilise le terme « zsexuel.le » !

C’est moi qui l’ai inventé, et sans me vanter, c’est du pur génie.

Sans te vanter.

Parce que Z, ça remplace « homo/bi/hétéro/pan » devant « sexuel », c’est quand même plus pratique. Quand on vous disait que l’écriture inclusive c’était pas la mort, bim, une lettre pour quatre concepts, qui dit mieux ? En plus, Z, c’est la lettre opposée à A dans l’alphabet.

Puisqu’on parle d’alphabet, vous trouverez peut-être aussi des gens qui parlent des A et des S, A pour ace et S pour sexuels.

« Sexuel.le » est une autre façon de dire « zsexuel.le », mais Caro trouve que ça renvoie trop au sexe.

Ben oui, ça réduit vachement les zsexuels au sexe, en plus c’est pas très clair, avec le Z devant on comprend tout de suite mieux qu’on parle d’orientation sexuelle, pas d’un comportement. J’aime pas trop dire « A » et « S » non plus.

Pourtant ça fait code secret !

Chais pas, ça fait très scientifique je trouve, c’est pas mon truc. Mais bon, après chacun fait comme il veut, tant que tout le monde sait à quoi ça correspond, pas de souci !

Résumé : Ne confondez pas le spectre asexuel, qui comporte plein de nuances, avec la nuance « asexuel.le », qui consiste tout simplement à ne pas ressentir d’attirance sexuel pour autrui et-c’est-tout.

  • Spectre asexuel/asexualité (quand c’est clairement établi comme général)/ace/A

  • asexuel.le [tout court]

  • S/sexuel.le/zsexuel.le

Ces trois choses sont différentes.

 

 

Bon, bah on a bien taffé ! J’irais bien manger du parmesan. Et je te laisse faire la blague de fin, histoire de démontrer une bonne fois pour toutes que ce n’est pas parce qu’on est ace qu’on ne peut pas s’intéresser au sexe…

Ce n’est pas une blague, c’est la vérité. Cet article a été écrit avec une Emifion en fond sonore. Voilà.

Car la prochaine fois, Caro vous parlera de sa première fois !

HEIN ?

Mes nudes d’asexuelle

DIALOGUE

HA ! HA JE VEUX PAS SAVOIR JE VEUX PAS SAVOIR !

Mais qu’est-ce que tu racontes ? Des nudes c’est des photos de toi nu.e, ça implique pas forcément du sexe. C’est pas parce que t’es à poil que c’est sexuel, ça peut être aussi anodin que prendre une douche.

Ah bon ?

Pour les gens normaux, je sais pas. Pour moi, asexuelle… Ouais.

Pourquoi les gens prennent des photos nu.e.s ?

D’après les différents articles que j’ai lus, ça peut être pour une ou plusieurs raisons des raisons suivantes :

  • Pour des raisons érotiques : exciter un.e partenaire ou partenaire potentiel.le, découvrir son image de façon érotique, excitante
  • Pour des raisons feel-good : pour se débarrasser d’un complexe, ou de façon générale pour apprivoiser son corps et apprendre à l’aimer.

Pourquoi Caro a pris des photos d’elle nue

Moi, je ne comprends pas en quoi un corps nu est érotique. Je ne comprends pas l’érotisme quand il n’est pas directement en train de représenter un acte sexuel, vu que je ne suis pas excitée par le corps des gens ça m’échappe complètement.

Du coup, c’était pour être body-positive ?

Ben non. Non seulement je n’ai pas prévu de les montrer à qui que ce soit, mais en plus, j’ai la chance de ne pas du tout être complexée. J’adore mon corps tel qu’il est et je ne veux surtout pas le changer.

Là je pige plus rien.

J’allais bientôt me coucher, j’étais nue enroulée dans un plaid, il y avait juste une lampe d’allumée, et, je sais pas, je me suis dit que ce serait joli sur une photo. Alors j’ai commencé à prendre quelques photos, et plus j’en prenais, plus je me rendais compte que tout, dans ces photos, renvoyait à mon asexualité. Et j’ai trouvé ça hyper intéressant, du coup j’en parle.

Photo n°1

La photo prend mon buste, le plaid couvre mes épaules et un sein. L’autre sein dépasse, une moitié légèrement dans l’ombre, le reste, ma poitrine et mon cou, à la lumière. J’ai la tête tournée, je regarde quasiment le coin supérieur droit de l’appareil. On voit dans l’arrière-plan un petit bout de mon lit auquel j’étais adossée, mon affiche Sherlock et mon portemanteau.

Y sont quand même pas mal, tes seins. mais pas aussi bien que les miens.

Merci quand même !

J’ai donc pris cette pose en me disant que ce serait joli. Et effectivement, c’est joli, mais quand on re-regarde cette photo… J’ai l’air d’avoir la tête ailleurs, de penser à autre chose. Je m’en fiche, de ce sein, je ne le regarde même pas alors qu’il est pourtant très mis en valeur, comme s’il était totalement anodin. Et à mes yeux, il l’est : je l’aime bien, il est super cool, mais… c’est tout. Ça se voit que je suis complètement à côté de tout le potentiel érotique de la photo.

C’est une crotte de nez, là ?

Non, c’est une mèche de cheveux.

On dirait vraiment une crotte de nez. Les aléas de la plongée…

C’est pas plutôt une contre-plongée ?

J’en sais rien, je confonds toujours.

Moi aussi.

Photo n°2

J’essaie de jouer encore avec ce côté érotique que je comprends si mal, que je sais présent mais que je ne peux pas plus saisir que de la soupe à la fourchette. Je suis debout, enroulée dans le plaid que je maintiens au niveau de la poitrine comme si j’étais prête à le défaire. On ne voit que mon menton, mon cou, un petit bout de poitrine au-dessus des seins, et ma main sur cette couverture.

Ca se voulait aussi érotique que la photo précédente, finalement ça ne l’est pas. Le plaid à carreaux ne montre rien de mes courbes, et la main supposée prête à dévoiler a l’air en réalité de ne vouloir que cacher.

Et c’est pour moi quelque chose de très asexuel.

Hein ?

Le fait de vouloir théoriquement l’érotisme, la sexualité, mais en pratique s’y prendre comme un manche parce qu’on n’a pas l’instinct pour ça et qu’on y pige que dalle, ouais, c’est tout toi !

Tout de suite !

Photos n°3 (4, 5, 6)

Quitte à être érotique, autant y aller carrément. Sur cette photo, je suis debout devant mon miroir. En arrière plan, un bout de lit, de bureau, de rideau, et ma brosse posée sur le meuble. Toute la moitié gauche de mon corps est couverte par le plaid d’où dépasse la main qui tient le téléphone, dépassent un sein, un morceau de cou, une épaule et un morceau de bras, un sein, la courbe de ma hanche.

C’est drôle, dit comme ça, on se croirait un peu à la boucherie.

Haha, peut-être ! Tu vois, même en y réfléchissant une semaine après, je n’arrive pas à décrire autrement qu’avec cette objectivité. Je peux interpréter, mais pas décrire avec autre chose que de l’objectivité…

Je me regarde dans les yeux. Ma bouche est couverte par le téléphone. La photo est légèrement floue.

Cette fois, cette photo pourrait être légitimement considérée comme érotique. C’était important pour moi de me regarder dans les yeux, en prenant la pose je l’ai senti comme une façon d’affronter cette image érotique, cette dimension sexuelle de mon corps qui m’est si totalement étrangère, la regarder et me dire « c’est aussi moi, ça ».

Mais est-ce qu’une asexuelle peut se dire « C’est aussi moi, ça » devant une représentation érotique d’elle-même ? Dans mon cas, pas totalement. J’ai fait exprès d’avoir la bouche couverte par mon téléphone, j’y tenais vraiment, alors que pourtant elle est très bien, ma bouche. C’est un peu comme si, en me regardant dans une posture sexualisée, je me refusais d’un coup le droit à la parole.

C’est un peu psychologie de comptoir, ça, non ?

Sans doute, mais d’une, c’est la seule explication que j’ai, et de deux, ça fait partie des impressions que donne cette photo. Comme si le regard était désormais la seule chose qui comptait. D’ailleurs, la photo est légèrement floue, parce que ma main tremblait un peu. Comme si, finalement, c’était « trop ». C’est trop d’avoir ce corps bizarrement sexuel et de le regarder en face, je ne peux pas complètement, alors c’est flou. Je ne peux pas complètement le voir en face, il y a toujours quelque chose qui m’échappe.

J’ai essayé de la refaire sans le flou ; il y a deux fois où j’ai oublié de me regarder dans les yeux, la photo perd tout son intérêt, on dirait juste que je suis sur mon portable, et pour la troisième ma main tremblait trop, c’est tellement flou qu’on n’y voit presque plus rien. Du coup je garde la numéro 4 telle qu’elle est, elle me plaît comme ça.

Photo n°7

Tiens, je me dis, pour l’instant on ne voit que mes seins, mes épaules, mon cou, que des parties que je trouve super, et on ne voit pas du tout mes jambes. J’ai donc pris une photo accroupie de mes deux cuisses l’une contre l’autre, l’une légèrement au-dessus de l’autre, le plaid cachant ce qui est plus haut.

J’ai pris une pose de troll : j’ai essayé de faire en sorte que mes cuisses paraissent le plus allongées possibles, alors que pour de vrai, elles sont un peu grosses, légèrement disproportionnées par rapport au reste de mon corps – et rien que ça suffit à me faire galérer pour trouver un jean, ça me fait râler, si moi, correspondant globalement très bien aux canons de beauté actuels, je peux galérer à trouver un jean, qu’est-ce que doivent endurer les personnes qui ne le sont pas, et à quand des vêtements faits pour nous habiller nous et pas une image !

C’était le HS du jour. Et vous avez pensé à comme c’est chaud de trouver des habits dans les boutiques humaines quand on fait plus de deux mètres ? Je suis sûre que non, bande d’égoïstes !

Pardon, je m’emporte. C’est donc une pose de troll, car je triche, je triche alors qu’en vrai je m’en fiche, j’aime moins mes cuisses que mes seins ou mes épaules, mais je les aime quand même.

Et ce qui est drôle, c’est que ça se voit. Ça se voit que j’ai beau les avoir amincies de par cette pose, ça ne suffit pas à les faire rentrer complètement dans le cadre, ça se voit, quand on regarde la ligne de ma cuisse droite, que ça fait des « trous » : il y a de la graisse et de la cellulite. 

Ça me fait rire. j’adore l’idée que quand quelque chose est légèrement différent, peu importe combien on essaie, ça ne rentre pas totalement dans le cadre, et j’adore le fait que même si mes cuisses sont à leur avantage, elles restent elles-mêmes.

Photo n°8

Pour cette photo je me suis placée au-dessus du radiateur qui souffle, mes cheveux volent dans tous les sens. J’ai un grand sourire, je regarde l’objectif, on ne voit de mon corps que mon cou, ma poitrine et la naissance de mes seins.

C’est la photo la moins érotique, et c’est aussi celle qui me ressemble le plus.

Ca t’étonne ?

Non.

Tu crois que ça veut dire que sans la dimension sexuelle de ton corps, tu te sens libre d’être toi-même ?

Non, je crois que ça veut dire que quand je suis nue, non seulement je m’en fous, mais en plus je préfère jouer avec mes cheveux plutôt que de faire quoi que ce soit qui impliquerait mes seins, mes cuisses ou le reste.

T’as vu, moi aussi je peux faire la psy de comptoir.

J’ai vu.

Photo n°9

Je suis debout, je regarde l’objectif en souriant. On ne voit que mon buste, je cache mes tétons avec les mains.

J’ai essayé de reproduire la pose que j’avais prise en rêve (oui, un jour, j’ai rêvé que j’avais fait un nude qui ressemblait à peu près à ça, et qui était mi-érotique, mi-complètement moi). Ça n’a pas marché : non seulement ça ne ressemble pas du tout à mon rêve, mais en plus, c’est la photo qui montre le plus et sans doute celle dans laquelle je me reconnais le moins. Mais c’est pas grave.

Photo n°10

La conclusion de la série : mon lit ouvert, avec le plaid posé négligemment dessus.

La conclusion logique aurait été une photo où je suis complètement visible, une photo complètement nue, ou bien une photo de mon sexe. Mais non. C’est une photo où on retrouve ce plaid qui a été abandonné un moment, mais pas moi.

Et le meilleur, c’est que ce lit vide pourrait être symbole d’une nuit de stupre, mais en fait, non.

Qui dit stupre ?

Après les photos précédentes, ça semble impossible. C’est clairement un lit dont je suis partie et où il ne s’est rien passé. Et le plus fort, c’est qu’en y jetant le plaid au hasard, il s’est plus ou moins mis en boule, comme s’il se recroquevillait sur lui-même et rendait toute activité sexuelle impossible.

C’était pas du tout ce que je voulais dire, alors j’ai essayé de reprendre une photo avec le plaid dans une autre position. Devinez quoi ? Ça n’a plus rien à voir, et ça ne ressemble à rien, ça ne veut plus rien dire. J’ai gardé l’autre.

Et en re-regardant ces photos dans l’ordre, ce cheminement de fille presque normale qui essaie à tâtons de comprendre et de s’approprier une image érotique d’elle-même, une chose est claire : je suis asexuelle. J’ai voulu m’amuser avec la bizarre composante sexuelle de mon corps, résultat, je me retrouve avec une série qui clame que je suis asexuelle encore plus clairement que si je me l’étais tatoué sur le front.

Et vous savez quoi ? Je la trouve parfaite.

Moi, je m’ennuie.

Toi, tu me fatigues et tu as la capacité de concentration d’une huître.

N’importe quoi ! Ton article est chiant, c’est tout !

Bref, c’était un peu inhabituel comme article…

… chiant…

Mais j’espère que vous avez aimé !

 

Le coming-out asexuel

DIALOGUE

Salut, mes fans ! Inclinez-vous devant le retour de ma radieuse beauté !

Désolées pour cette absence un peu plus longue que prévu, promis on va se rattraper avec des articles de qualité…

Et des blagues. Plein de blagues.

Pas si je peux t’en empêcher. Alors si on parle du coming-out asexuel, c’est parce que j’en ai fait un la semaine dernière, et que comment dire… J’ai senti qu’il y avait matière pour un article de blog.

La première chose à savoir sur le coming-out asexuel, c’est qu’il est génial. Y a pas mieux ! D’ailleurs, je leur dis, à mes copines. Je leur dis : ils sont bêtes, vos humains, d’être avec vous et pas avec moi !

Oui, c’est pas comme si on n’avait pas le choix…

Quand ils avouent mon existence, ils ont pas de problèmes ! Tout le monde s’en fiche.

Non mais tu sors d’où, toi ? C’est vrai qu’en avouant son asexualité, y a pas trop de risque de se faire tabasser ou virer de chez soi…

Elle a ça, Homosexualité ? Non.

… mais il ne faut pas oublier que certaines femmes ou assimilé.e.s se font violer par leur partenaire, histoire de leur montrer c’que c’est. Je ne dis pas que c’est courant, on n’est pas au niveau de danger d’un coming-out bi, homo ou trans, mais ça existe.

Attends, y a des humains à moi qui se font féliciter, quand même !

Ah bon ?

Ouais, regarde Jean-Eudes ! Ses potes lui ont dit : « Avec ta tronche, c’est plutôt une bonne nouvelle ! »

Qu’il n’ait aucune chance de se reproduire ou qu’il n’ait pas besoin de sexe parce que de toute façon personne ne voudrait en faire avec lui ?

Je sais pas, mais c’est l’intention qui compte, non ?

Hein ? Mais j’étais ironi… Bon, bref, arrête la mauvaise foi deux minutes, c’est clair que c’est tout sauf un compliment, ça ! Non, je vais vous dire : ce qui a le plus de chances d’arriver, c’est que vous ayez à subir, d’abord, de l’incompréhension…

A cause de tous ces cuistres qui ne me connaissent pas !

Et ensuite et surtout, des réactions à la con.

Les réactions à la con du coming-out asexuel

« T’es sûre que c’est pas parce que t’as pas trouvé la bonne personne ? »

Ma préférée.

Envies de meurtre direct pour moi ! Je préconise la hache, dans ce cas précis. Pas très subtil, mais efficace, à l’image de la question.

Bien sûr ! Il est connu que pour désirer une personne, il faut que ce soit l’amour de ta vie. C’est pour ça qu’à part les couples à la Roméo et Juliette et mes parents qui sont mariés depuis vingt ans, personne ne baise, ce qui fait que la population de la Terre est constituée d’être, certes peu nombreux, mais supérieurement intelligents.

J’ai une question. Pourquoi dans la vraie vie, tu te contentes de dire que quand tu étais avec ton ex, que tu aimais et qui t’aimait, ça se passait super bien et que donc ce n’est pas ça ?

Parce que je n’ai aucun sens de la répartie. Arrête de briser mes rêves comme ça ! Et les lecteurs, qu’est-ce qu’il vont penser de moi, les lecteurs ?

Ils vont penser que t’as pas la classe et que c’est moi qui ait la classe. Ce qui est : vrai. Réaction suivante !

« Mais tu es sûre que tu n’as pas un problème ? C’est bizarre, quand même, de ne pas prendre de plaisir ! »

Si vous aviez écouté, vous sauriez que désir et plaisir ne sont pas forcément liés et que ça n’a même rien à voir.

Là, je pense qu’il faut un pieu. Tu le couples avec les parties génitales de la personne en face et tu dis « Et là, tu en prends, du plaisir, espèce de… »

Moi, je réponds timidement que j’ai des orgasmes quand je veux. En général, ça les calme assez bien, et dans mon cas c’est totalement vrai, c’est un avantage possible d’être asexuelle autochori !

« C’est parce que tu es vierge ? » ET « C’est sûrement parce que tu es une fille ! On a moins de désir que les garçons, c’est normal ! »

Je les mets ensemble parce que ce sont les plus gratinées et qu’elles relèvent toutes les deux du merveilleux concept suivant : le zizi magique.

Là, je vais chercher mes tenailles…

Tu as un doute, n’importe lequel, à propos du sexe ? N’AIE CRAINTE JEUNE PUCELLE ! Le vaillant zizi saura te faire tout oublier. C’est normal de ne pas savoir ce qu’on veut quand on ne le connaît pas, mais une fois qu’on l’a découvert, on ne s’en passe plus ! On en redemande !

… quelques bouses de vaches…

Le zizi sait tout faire ! il te donne le désir, le plaisir, il appuie sur l’interrupteur de la chaudière, il fait même la cuisine et le ménage… ah, non, y a des chances pour que ce soit encore pour ta pomme.

… une multi-prise…

Bon, c’est pas moi, asexuelle, qui vais prouver ou non que, « en général », les garçons ont plus de désir que les filles. Je tiens simplement à signaler que, si on reste dans la logique (un poil cis-centrée, vous avez remarqué ?) de cette personne, je me serais identifiée asexuelle par opposition au désir normal… des garçons. Pourquoi j’aurais fait…

… ET DES CAGES DE CHASTETÉ ! ILS VONT VOIR, TOUS !

Conclusion

J’ironise, j’ironise, mais en réalité, ces réactions à la con ne me gênent pas tant que ça. Je préfère que les gens me posent des questions plutôt qu’ils continuent à penser des âneries, et je préfère qu’ils me les posent à moi plutôt qu’ils les affirment devant des asexuel.le.s peut-être moins à l’aise avec tout ça et qui auraient du mal à leur répondre.

Non, ce qui me gêne, ce n’est donc pas la connerie de la réaction, mais ce qui me fait suprêmement c****, c’est qu’à chaque fois, je me retrouve en position de défense. Je me retrouve à devoir prouver à ces gens que l’asexualité existe et que j’en suis, car iels ne me croient pas. Vous entendriez le ton, on se croirait presque dans un débat politique.

Alors, non. Ça me dérange peu que vous posiez des questions stupides, ce qui est purement personnel, d’autres asexuel.le.s seraient tout à fait en droit de le prendre plus mal, mais écoutez ce que j’ai à dire AVANT TOUT. Par pitié, n’essayez pas de me convaincre du contraire alors que je me sais asexuelle depuis deux ans et demi, que j’ai lu à peu près tout ce qu’Internet compte de ressources à ce sujet en français, que j’ai nié tant que j’ai pu, et que je m’y connais de toute évidence mieux que vous, même si j’ai parfois du mal à expliquer la différence entre l’asexualité et son contraire, vu que j’y connais rien au contraire.

Merci.

Et si vous avez lu cet article, vous avez le droit de lire le reste du blog pour trouver des réponses à vos questions stupides, et éviter de les poser à quelqu’un d’autre, et ensuite me vénérer !

Au fait, tu as vraiment eu droit à toutes ces réactions, la semaine dernière ?

Ouip. Des deux mêmes personnes, dans la même heure, et quasi dans l’ordre.

Mince. Tu crois qu’elles se reconnaîtrons si je leur envoie l’arti…

OUI, NE FAIS PAS CA.

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Tu fais quoi ?

J’écris un projet de loi.

A quel propos ?

Pour obliger tous les humains à porter des cages de chasteté tout le temps, comme ça on verra qui se la coule douce devant This is us et qui pleure sa mère en rêvant de faire partie de mes humains. IL FAUDRA ME PAYER CHER ! TRÈS CHER ! Bande de blasphémateurs !

Mais qui va voter ça ?

Les députés de droite soutenus par la Manif pour Tous, sûr. Leurs copains de droite parce qu’ils suivent leur chef…

Oui fin Fillon il est un peu mort là…

Les écolos, ça empêche la reproduction et donc la surconsommation des ressources, ils seront pour… Pour la gauche j’ai mis des petites blagues. Qu’est-ce que tu penses de « Quelle est la différence entre un type qui baise et un qui ne baise pas ? Celui qui baise risque de filer un emploi fictif à sa femme et pas l’autre ! » ?

On n’a pas déjà dit mille fois qu’il n’y avait aucun lien entre faire du sexe et avoir une femme, ou en général une relation amoureuse ?

Si, mais justement, les députés, ils ne le savent pas. On va tous les rouler en utilisant leurs propres clichés contre eux ! BIEN FAIT JE SUIS UN GÉNIE DU MAAAAL !

J’ai pas les mots, là, tout de suite…

C’est parce que c’est BRILLANT.

Et En Marche ?

J’ai mis des anglicismes partout pour faire start-up !

La MEGA liste anti-amour !

Voici la liste des histoires sans (trop) d’histoires d’amour (débiles) !

Le code :

0 = histoire d’amour inexistante ou quasi

1 = histoire d’amour très secondaire, qui a peu d’importance dans l’intrigue

2 = histoire d’amour secondaire

3 = histoire d’amour importante, mais originale

4 = histoire d’amour importante, pas forcément très originale, mais bien écrite

Livres

Narnia, CS Lewis – 0

Contes du monde entier – 1

Mary Poppins, PL Travers – 0

Matilda, James et la Grosse Pêche, Le Bon Gros Géant, Charlie et la Chocolaterie, Sacrées Sorcières, les Deux Gredins… (et plein d’autres !), Roald Dahl – 0

Au bonheur des Monstres, Alan Snow – 0

Le Mystérieux Cercle Benedict, Trenton Lee Stewart – 0

La Passe-Miroir, Christelle Dabos – 0,5

La Quête d’Ewilan, Le Pacte des Marchombres, L’Autre, Pierre Bottero – 1

Neverwhere, Stardust, Neil Gaiman – 1

Coraline, L’Etrange Vie de Nobody Owens, Neil Gaiman – 0

 American Gods, Neil Gaiman – 2

L’Assassin Royal, Robin Hobb – 2

Séries télé

Sense8 – 2 (attention, beaucoup de scènes de sexe)

Sherlock – 1

Penny Dreadful – 1 à 2

Grace and Frankie – 0 (mais je n’ai pas tout vu)

The Young Pope – 0

American Gods – 1,5

Outlander – 4

Vikings – 2

The Bold Type – 1

Godless – 1 (mais je n’ai pas tout vu)

The Crown – 1

Orange is the New Black – 1 à 2 selon les saisons

Grantchester – 2

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire – 0

The Magicians – 2 (attention, scènes de sexe, et TW viol)

BD en ligne (tapez dans Google, vous tomberez dessus !)

Erika et les princes en détresse – 0

Le Secret des Cailloux qui brillent – 1 (et 3 pour l’originalité !)

Jo, le webcomic – 0

The Cockroach, Inc. – 2 (mais c’est trop bien raconté, on ne s’ennuie pas !)

Handcuffs (en anglais) – 3

A matter of life and death (en anglais) – 3 (hyper original, foncez !)

Insomnia (en anglais) – 3 (pareil, c’est de la bonne, qui se concentre plsu sur les relations entre les personnages que la romance elle-même !)

Films

Le Voyage de Chihiro et tous les Miyazaki – 2 parce que l’amour est secondaire et 3 parce que c’est toujours hyper original, foncez !

Interstellar – 0

The Prestige – 1

On ne regarde pas beaucoup de films, alors faites péter les suggestions !

Et même de façon générale, n’hésitez pas à nous donner vos suggestions, en commentaires et via Twitter !

 

Astuces : Echapper à l’amour dans la fiction

DIALOGUE

Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver ! Youhou ! On est le 1er décembre, c’est bientôt Noël !

J’adore Noël !

Viens, on regarde Maman j’ai raté l’avion pour fêter ça !

Ah non ! L’épisode de Noël de Sense8 ?

TU RIGOLES OU QUOI ?

Mais je le connais par cœur, je te dirais quand fermer les y…

Pas question !

Tu était moins chiante quand tu était autochori et que tu regardais du por…

Bref. Le Père Noël est une ordure ?

C’est mort.

Bon, puisque Noël est vraiment LE super moment pour se plonger dans les fictions avec joie, bonheur, chocolat chaud et couvertures, on va en profiter pour vous faire un petit article d’astuces pour éviter, autant que possible, les histoires d’amour débiles dans les fictions !

Et notre soirée films ?

T’avais qu’à dire oui pour Sense8. Mode bons conseils on !

Première astuce : Redécouvrez la littérature jeunesse

Bien sûr, je ne parle pas de littérature YA ici, mais vraiment de littérature jeunesse. Noël, c’est l’occasion pour les grands classiques, (re)plongez-vous dans des contes, dans Narnia, dans Alice au Pays des Merveilles… Si histoire d’amour il y a, ça se limitera à la petite phrase « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », autant dire pas grand-chose par rapport au volume de l’histoire. Ça vaut aussi pour tous les films qui les adaptent !

Et si on déteste les histoires gnangnan pleines de bonne morale voire de sexisme crasse ?

Évite Peter Pan si tu n’aimes pas le sexisme crasse, et préfère les contes du monde entier plutôt que les éternels Perrault/Grimm adaptés par Disney. Ça aide. Il y a aussi Mary Poppins dans le genre classique génial et pas sexiste.

Et si les histoires mièvres où les gentils gagnent à la fin et où on essaie de te convertir au christianisme, ça m’emmerde ?

La littérature jeunesse ne se limite pas à ces classiques ! Il y a plein d’histoires plus modernes et beaucoup moins moralisatrices qui sont très chouettes et toujours aussi super à lire même passé quinze ans. Je conseille notamment tous les livres de Roald Dahl, ceux de David Walliams et d’Alan Snow.

Deuxième astuce : Regardez du côté des histoires LGBT+

Euh, t’es sérieuse ? Y a pas plus cliché que le yaoi !

Alors, déjà c’est pas vrai. Ensuite, j’vous le dis : si un.e créateur.trice s’est creusé la cervelle pour trouver des personnages qui ne se résument pas à « héros blanc cis hétéro », il y a des chances pour qu’iel se soit AUSSI creusé la cervelle pour trouver une histoire qui ne se résume pas à « ils se foncent dessus bêtement dans la rue, se regardent stupidement, tombent amoureux, affrontent des obstacles débiles et finissent ensemble ».

Tu marques un point. Les histoires d’amour LGBT+ sont celles que je préfère, parce qu’on y trouve aussi des thématiques moins « romance » comme le coming-out ou la quête de son identité, qui sont vraiment intéressantes et rendent le tout bien moins gnangnan.

Et de façon générale, vous avez de fortes chances de trouver des relations plus originales que dans les histoires où tous les personnages sont hétéros. Et si vous cherchez bien…

Genre, très bien…

Vraiment vraiment très bien…

Peut-être même que vous trouverez un personnage ace ! On fera aussi un article sur le peu de personnages ace disponible, n’ayez crainte.

Ce qui nous amène à notre troisième astuce !

Troisième astuce : Cherchez la qualité et l’originalité

Je vous le demande : qui a besoin d’une histoire d’amour à la con pour remplir son histoire ? Les mauvais.es auteur.e.s ou scénaristes, bien sûr !

Tu exagères, ce n’est pas parce qu’il y a une histoire d’amour débile que l’auteur.e est forcément mauvais.e !

Non. Mais si vous cherchez une histoire d’amour originale (ou pas d’histoire d’amour du tout), vous avez plus de chances de la trouver dans un livre ou un film original.

Je pense notamment à La Passe-Miroir. Il y a une histoire d’amour, mais je dirais qu’elle prend en moyenne six phrases par tome. De plus de six cents pages. Même si j’ai trouvé la fin du tome 3 un peu décevante par rapport à ça, franchement, on y gagne au change.

Y a aussi tous les livres de Pierre Bottero qui sont très bien pour ça, peu d’histoires d’amour et toujours subtiles, ceux de Neil Gaiman également, zéro histoire d’amour dans Coraline et Nobody Owens, presque rien dans tous les autres que j’ai lus, et puis L’Assassin Royal

Oui L’Assassin Royal ! On a un personnage explicitement asexuel, et surtout, des relations très profondes et subtiles entre les personnages.

Y a quand même une histoire d’amour cucul la praline…

Certes, mais elle prend quand même très peu de place dans les 17 tomes, si je compte bien, de cette histoire. Et la relation la plus importante de toutes est tout à fait extraordinaire, loin des clichés ! Et mon personnage préféré…

On parlait d’astuces, là…

Fallait pas me lancer là-dessus !

Et pour les films, tu as quelque chose ?

Pour les films, vous pouvez aller voir du côté « Art et essai » ou « primé au festival de Cannes ». Il y a de fortes chances pour que vous y trouviez de relations plus subtiles et intéressantes qu’une bête histoire d’amour.

Mais ça peut aussi être des relations toxiques présentées comme plus ou moins positives, du coup.

Ben oui. Du coup.

Dans le genre, je vous conseille particulièrement les films de Nolan, notamment Interstellar et The Prestige, qui sont super…

Enfin si on aime la branlette intellectuelle…

Ne parle pas de Nolan comme ça !

Et en séries subtiles pour ce qui est des relations et sans trop d’amour partout on peut citer Penny Dreadful, Sense8 (attention il y a pas mal de scènes de sexe), Sherlock dans une certaine mesure. Et The Young Pope pour quelque chose d’un peu plus…

Branlette intellectuelle. J’ai rien pigé du tout.

Mais…

Quatrième astuce : Faire attention au genre et éviter les pièges

Il y a des genres plus susceptibles de contenir des histoires d’amour que d’autres. Ca peut être un bon moyen de faire le tri rapidement. Tout ce qui est littérature pour ados, littérature pour adultes dans le vrai monde (genre une quadragénaire qui cherche un sens à sa vie), ça risque de contenir du gnangnan. Dans tout ce qui est fantasy, science-fiction, dystopie, il y a de fortes chances pour que vous trouviez une historie d’amour pas très subtile, mais qui soit très secondaire dans l’intrigue, donc à vous de voir.

Si, d’après le résumé, il est question d’un super beau gosse tombeur (variante : ténébreux) et d’un meilleur ami d’enfance, fuyez tout de suite.

Si il y a un héros et une héroïne réunis par une amitié ou des circonstances, il y a 98% de chances qu’ils finissent ensemble. Après avoir hésité, du coup. Prudence !

A l’inverse, tout ce qui est « histoire d’amitié » explicitement catégorisé comme tel…

Comme la série Grace and Frankie !

Ou les histoires de famille, on y trouve généralement assez peu d’histoires d’amour. Par contre, méfiez-vous de tout ce qui est historique. Tantôt c’est sérieux, dans ce cas vous pouvez y aller, tantôt ça verse direct dans l’épique comme Vikings, dans ce cas je vous renvoie à ce qu’on a dit sur la fantasy, tantôt ça sert juste d’arrière-plan à une histoire d’amour.

Genre Outlander.

Moi j’aime bien, mais je pense que c’est ma limite.

Ca peut sembler évident, mais évitez tout ce qui est comédie. Même juste « comédie », pas « comédie romantique ». Parce que le « moteur », c’est toujours l’amour le plus débile.

Motivation du personnage de Bienvenue chez les Ch’tis ? Mentir à sa femme. Dans Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? ? Il n’est question que de mariage. Dans Un homme de taille ? HIHI JEAN DUJARDIN EST TOUT PETIT ET CA L’EMPÊCHE DE PECHO ! En plus, comme vous l’aurez peut-être vaguement remarqué, la plupart de ces comédies jouent sur les pires clichés discriminatoires, je vois même pas qui est-ce que ça peut encore faire rire.

Dis, pour quelqu’un qui déteste ça, tu as l’air d’en connaître un paquet…

J’y peux rien si ma mère n’est pas fichue de télécharger ses conneries elle-même !

Pour conclure : c’est possible de trouver de la fiction sans (trop) de romances (débiles). Il ne faut pas se leurrer, presque toute la fiction contient de l’amour, mais avec de la persévérance, on peut arriver à trier, à trouver des choses plus subtiles, moins omniprésences, moins écrasantes de modèles stupides…

Mais on est quand même loin d’avoir le cul sorti des ronces. Alors au boulot, humains ! Ecrivez-moi des histoires subtiles sans romances pourries ! C’est vous la prochaine génération, produisez du contenu de qualité et partagez celui que vous connaissez déjà !

La semaine prochaine, on vous fera une liste de contenus avec pas ou peu de romances, ou pas de romances clichées. On l’actualisera au fur et à mesure, n’hésitez pas à apporter des suggestions !

A plus mes fans !

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Qu’est-ce que tu fais ?

J’écris ma propre série télé !

Super ! C’est sur quoi ?

C’est l’histoire d’une fille blonde, grande, avec des robes longues et des super seins…

Toi, donc.

Ca va pas être de ton bonnet A que je parle, hein…

Hé ! C’est pas sympa !

Elle est asexuelle et elle pète la classe grave.

C’est vrai, ça nous manquait comme histoire.

N’est-ce pas !

Ce n’est pas comme si on écrivait déjà un blog dessus.

Hein ?

Le spectre asexuel

Désolées pour notre absence de la semaine dernière !

Mais elle avait une bonne raison, figurez-vous. Il s’est passé quelque chose de très particu…

Tu ne vas pas leur dire !

Je vais me gêner, tiens !

DIALOGUE

Oh non, relou quoi ! C’est ma semaine noire !

Quoi, tu as tes règles ?

N’importe quoi, toi ! Déjà, si j’avais mes règles, je dirais « J’ai mes règles ». Ensuite, si je voulais vraiment faire une métaphore, je dirais « semaine rouge » et pas « semaine noire ». Et enfin, je suis pas humaine, pourquoi je m’embêterais avec un truc aussi chiant que les règles ?

Ça ne me dit toujours pas ce que c’est que cette semaine noire.

Tu es trop bête pour comprendre.

C’est ce qu’on verra ! On parie combine que je devine ?

Un paquet d’abricots secs.

Tenu.

 

JOURNAL DE CARO

Lundi : J’ai suivi Asexualité partout, et je n’ai rien remarqué d’inhabituel. Ce matin, elle s’est levée à onze heures, comme d’habitude, et elle a mangé tous mes abricots secs avec du chocolat chaud pour le petit déj. Après elle est restée deux heures au téléphone avec Homosexualité, et puis elle est partie donner son avis sur tout à ses humains. Quand elle est revenue elle s’est affalée devant Nana et n’a plus bougé.

Mardi : Aujourd’hui, Homosexualité est venue squatter, et il s’est passé quelque chose de bizarre. Alors qu’elles étaient toute les deux sur le canapé, Homosexualité s’est penchée vers elle pour lui dire un truc, et elle a eu l’air hyper gênée.

Mercredi : Asexualité est allée en boîte pour l’anniversaire de Bisexualité. Il y a un type qu’elle n’a pas quitté des yeux, mais en même temps elle avait l’air gênée. Et puis il est venu lui parler et elle n’a plus semblé intéressée du tout.

 

 

JEUDI

Han ! Tu regardes du porno !

Aaaah !

Pas la peine de te jeter sur Echap, je t’ai vue !

Tain la honte, grillée…

Non mais c’est pas grave de regarder du por… Attends. C’est pas logique. D’habitude, la moindre scène de sexe même implicite te dégoûte !

Et merde, je sens que je vais devoir racheter des abricots secs…

Ca y est, je sais ! Tu n’es pas asexuelle comme d’habitude cette semaine !

Ouais ouais, bravo, t’as deviné… Une semaine par an, je dois expérimenter toutes les nuances de mon spectre. Parce que y a pas qu’une manière d’être ace, y en a plein, et on a déjà parle de ça, suivez un peu derrière !

Tous.tes les asexuel.le.s ne sont pas totalement dégoûté.e.s par le sexe. Il y en a qui peuvent vouloir en faire (les sex-positive) et d’autres qui ne veulent pas (sex-repulsed ou sex-negative).

Et même si, quand on fait partie de mes humains, on n’a pas d’attirance sexuelle pour les autres, certaines nuances du spectre en ressentent dans des circonstances particulières. C’est ça que je dois me coltiner toute cette semaine.

Résumé : Voici les principales nuances du spectre asexuel.

  • Grey-sexualité : pouvoir ressentir de l’attirance sexuelle dans certains cas particuliers. La grey-sexualité englobe la plupart des nuances du spectre ci-dessous.

  • Demi-dexualité : ne pouvoir ressentir de l’attirance sexuelle que pour quelqu’un avec qui on a tissé un fort lien émotionnel. Typiquement, la personne qu’on aime par exemple.

  • Fraysexualité : inverse de la demisexualité, l’attirance disparaît quand les liens émotionnels se forment.

  • Autochorisexualité/aegosexualité : pouvoir être excité.e dans des situations sexuelles, notamment fictives, sans avoir envie de s’impliquer.

  • Akoisexualité : l’attirance sexuelle disparaît quand elle devient réciproque.

  • Recipsexualité : inverse de l’akoisexualité, l’attirance sexuelle n’apparaît que quand elle est réciproque.

Il en existe un certains nombres d’autres, n’hésitez pas à en ajouter dans les commentaires ! J’en profite pour rajouter que ces définitions sont récentes et plus ou moins bien traduites de l’anglais.

Alors si vous en trouvez des différentes, c’est normal, et c’est pas parce qu’on a mal fait notre boulot, bande d’incultes qui cherchent la petite bête !

Arrête ton char, personne ne nous a encore fait la moindre réflexion !

Internet reste Internet !

C’est pas avec une moyenne de 10 visiteurs par jour qu’on va attirer les trolls !

Tu rigoles ou quoi ? Je suis une telle star que les trolls ne peuvent que ME VOULOIR DU MAL ! Espèce de sans-coeur !

Je renonce. Bon, merci à tous.tes, à la semaine prochaine !

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Et mes abricots secs ?

J’avais tellement peur des trolls que je les ai tous mangés.

 

Désir et satisfaction

Toc, toc, toc !

Homosexualité ! Entre, entre ! Tu arrives pile à l’heure pour une bonne tasse de thé !

Et après, on se fait cet épisode de The L World ?

Carrément !

Aaaah ! Aaaaah ! Oh, ça fait du bien !

Fais pas attention, c’est Caro qui prend une douche.

Toute seule ? J’irais bien la rejoindre. Elle a l’air de bien s’amuser, elle s’est acheté un jouet ?

Un jouet ? Ben non, elle a passé l’âge d’avoir des jouets du bain, elle a pas trois ans !

Je voulais dire un sex-toy. Elle se masturbe, là ?

Aaaah ! Oui, c’est bon !

Non, elle prend juste une douche. Mais une douche après plus de dix heures dans des gares et dans des trains, et en ayant froid.

Rhaaaa ! Je ne comprends pas les gens qui préfèrent les orgasmes !

Ca ne s’arrange pas, vous deux…

 

 

PLUS TARD

Bon. Récapitulons. Tu as eu beaucoup de plaisir à prendre cette douche qui n’impliquait aucune activité sexuelle ?

Oui.

C’était le plaisir de l’eau chaude.

Oui.

Mais ce plaisir était amplifié par le temps passé à attendre et à prendre le train et à avoir froid, on est d’accord ?

Oui.

Bon. Maintenant, imagine que tu as une activité sexuelle.

C’est chelou.

Imagine quand même.

OK, c’est bon.

Imagine que tu ressens du plaisir sexuel. Genre, un orgasme. Tu vois ce que c’est le plaisir d’un orgasme ?

Oui, je vois.

C’est comme l’eau chaude, c’est un plaisir physique, mais en encore plus puissant, tu me suis ?

Oui oui, c’est bon.

Et maintenant, imagine que ce plaisir de l’orgasme vienne combler un manque, exactement comme le plaisir de l’eau chaude comble le froid et l’attente. Tu visualises ?

Alors là, plus du tout. Que dalle.

Mais essaie !

Mais j’essaie, j’y peux rien, ça me dit rien du tout !

Ha ha ! Tu perds ton temps, Homosexualité, c’est à une de mes humaines que tu parles !

Mais bon sang ! Bon, on va faire encore plus simple. N’essaie même pas d’imaginer. Si je te dis que le sexe quand on n’est pas ace, c’est PAREIL que ta douche de tout à l’heure, sauf que le désir est mille fois plus puissant et le plaisir physique mille fois plus puissant aussi ! Qu’est-ce que tu en dis ?

Chais pas, ça a l’air cool ?

Je renonce.

Résumé : Toutes les situations qui sont plus satisfaisantes (=qui répondent davantage à un besoin) que le sexe

  • Une douche chaude quand on a eu froid

  • Un grand verre d’eau fraîche quand on a soif

  • Manger quelque chose de bon quand on a faim (surtout du parmesan)

  • Aller au lit quand on est fatigué

  • Lire un livre quand ça fait longtemps

  • Répondre à un.e amoureux.se qui vient d’envoyer un message

  • Gratter une piqûre de moustique

Je ne suis que consternation.

Attends, tu ne trouves pas ça TROP satisfaisant, toi, de gratter une piqûre de moustique qui te gratte ?

Je trouve le sexe encore PLUS satisfaisant !

Chelou, j’arrive pas à imaginer. Tu perds ton temps, si tu veux mon avis. Encore du thé ?

Non, merci, je vais rentrer.

Et ben, ça c’était un chouette Homosexuali-thé ! Ha ha ! Vous avez compris la super blague ? Thé parce qu’on a bu du thé et Homosexualité parce que…

 

 

Activités pour la semaine de l’asexualité – 6

Aujourd’hui, parlez-moi du truc le plus rigolo qui vous est arrivé parce que vous étiez asexuel.le !

Parce que soyons honnêtes, les incompréhensions, malentendus et quiproquos ne manquent pas, quand on est ace !

Alors… J’en ai pas mal, des trucs marrants, en voici un assez ancien, et j’ai mis des années à comprendre en quoi c’était drôle.

J’avais quinze ans, jamais entendu parler de l’asexualité, et je marchais en compagnie du garçon dont j’étais follement amoureuse et d’un groupe de copains – garçons. Et là, le garçon que j’aime se tourne vers son meilleur ami et dit :

 -Entre mourir et ne plus pouvoir bander, tu choisirais quoi ?

Je ne vous dis pas ma surprise. Déjà, le garçon que j’aimais parlait de ça (le genre de choses dont il ne parlait jamais avec moi), donc c’était un peu surprenant. Mais en plus, ils ont débattu un certain temps de ce choix cornélien, incapables de se décider, et là, je ne vous dis pas mon incompréhension la plus totale. Car pour moi, la réponse était totalement évidence, et le dilemme aussi absurde qu’un choix entre « Ne plus pouvoir porter de pulls beiges » et « Mourir ».

Encore aujourd’hui, je ne pige pas bien pourquoi il faudrait hésiter, mais que voulez-vous, je n’ai ni pénis ni désir sexuel…